Né en 1994 à Rio de Janeiro, au Brésil, Gabriel Moraes Aquino vit et travaille à Paris.
Il diplôme de l’École des Beaux-Arts de Paris en 2020.
La plasticité photographique se retrouve souvent dans la pratique de Gabriel Moraes Aquino. Capture d’une errance parisienne lors de la commémoration de l’indépendance du Brésil avec Parada crua (2020) ou installation de tirages de palmiers européens avec Negative Palms (2021-2022), c’est un regard sur le tropicalisme et la mobilité qu’il manipule avec ce médium. Les actions simples de l’artiste – échange de mots et de noix de coco dans Fortune Coconuts (2021) ou d’une Friendly Hair Cut (2018) – contrebalancent sensiblement les questions d’éloignement géographique et de déplacement culturel tout en aménageant, physiquement et conceptuellement, des espaces de convivialité. Transparaît déjà alors son attachement à l’échelle du « local », et aux relations qui s’y développent, travaillant régulièrement in situ. Moult déplacements jouxtent le parcours de Moraes Aquino, néanmoins installé en France depuis 2017. A sa sortie des Beaux-Arts de Paris en 2020, c’est une itinérance de résidences entre la Cité des Arts, la Fondation Fiminco et maintenant a Artagon Pantin. La communauté qu’il y intègre donne naissance au plus récent projet de l’artiste conciliant collaboration et le milieu de la performance qu’il affectionne.
Battle Piece (2022 – présent) s’articule autour d’une communauté de danseurs et d’une collaboration avec Nicolas Faubert. Orchestration de duels de hip hop et styles variés, ces face-à-face décloisonnent en rythme des groupes établis, cristallisent le temps autour de corps en mouvement. Pour l’artiste, la gestuelle devient dialogue ; la danse « une langue qu’on parle tous. » De ces évènements naîtra une série de films, dont le premier chapitre présente la danse come acte de survie, dessine un paysage de la relation, où l’absence de sous-titres suffit – comme dans le quotidien de nos vies – et nous interroge sur ce que coexister. La conception partagée de ce projet syncrétise les attaches de l’artiste au travail collectif, traçable depuis le commencement de sa pratique plastique en tant que membre du collectif Gregário, à Rio de Janeiro.
— texte par Alexia Pierre